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‹‹Travaillons à ne pas redevenir l'enfant malade de l'Afrique ››

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Dans un entretien accordéà l'hebdomadaire catholique La Croix, Célestine Zanou, leader politique et présidente de la Dynamique du Changement pour un Bénin Debout (Dcbd), s'est prononcée sur la question de révision de la Constitution. Cette démarche est inopportune selon elle et l'urgence actuelle est de penser à l'amélioration des conditions de vie des populations.

Selon Célestine Zanou, la démarche par voie de référendum engagée pour procéder à l'amendement de la Constitution est inopportune. « Le référendum est une procédure de collaboration avec le peuple pour l'élaboration d'une loi qui ne devient parfaite qu'avec son consentement », soutient Mme Zanou. La présidente de la Dcbd met l'accent sur l'aspect consentement qui ne peut aboutir sans le dialogue. Il faut donc dialoguer avec le peuple ou le persuader afin d'éviter le doute ou la suspicion. « Notre pays a des sensibilités qui sont le reflet du peuple et qui doivent forcément se mettre ensemble pour proposer en matière de loi fondamentale quelque chose qui nous ressemble et qui nous rassemble. Lorsque cette démarche consensuelle n'est pas de mise, tout ce qui sera fait aura tout l'air d'un forcing face auquel chacun ira exprimer son ressenti si ce n'est sa douleur puisqu'il ne répondra pas à la question posée », explique-t-elle. Les raisons évoquées manquent de pertinence, c'est pourquoi elle propose « de revoir la démarche actuelle qui a tout l'air d'une précipitation porteuse de suspicions ».
Pour Célestine Zanou, il y a des craintes en ce qui concerne la création de la Cour des comptes ; une Cour dont la mission est de donner quitus en matière de gouvernance financière économique dans la mesure où le fonctionnement actuel de la Cour constitutionnelle est présidé par Me Joseph Djogbénou.
Par rapport à la question de la représentativité des femmes dans les instances de décision, la leader politique affirme qu' « On veut nous faire croire qu'un wagonnet de 24 femmes à l'Assemblée Nationale sera la preuve de promotion des femmes. C'est à la limite du ridicule que nous ne saurions laisser aller plus loin ». Si les femmes veulent aller à l'Assemblée Nationale soutient-elle, elles doivent s'engager dans les partis politiques pour développer un leadership et s'assurer une représentation de qualité. Célestine Zanou demande à tous les promoteurs de cette idée de céder tout simplement sur leurs listes aux prochaines législatives, la place aux braves femmes de leurs partis.
S'agissant du couplage des élections, elle a fait une caricature avec les différents examens. Pour la présidente de la Dcbd, ce n'est pas parce que les examens coûtent chers, qu'il faut coupler Bac, Bepc et Cep comme si chaque examen n'avait pas ses spécificités. Si l'on prend les 4 élections dont il est question explique-t-elle deux sont déjà couplées à savoir les locales et les communales. Ces dernières présentent des difficultés et à ce niveau, il est question d'un dispositif qui encadre le développement à la base et conforte la décentralisation. Les législatives renseigne-t-elle ont un cadre d'exercice qui relève de la circonscription électorale et le bulletin utilisé n'est pas le même que celui des élections communales et locales. Célestine Zanou perçoit l'élection présidentielle comme la plus facile puisque la circonscription du candidat regroupe les 5297 villages et quartiers de villes, c'est-à-dire tout le territoire national. Ce qui n'est pas le cas pour le députéélu avec les voix des populations de sa circonscription électorale.
La présidentielle, pour elle irait à la limite avec les locales et communales. Toutefois, elle mentionne que c'est risqué de coupler la présidentielle qui est une élection simple avec les élections locales et communales qui sont déjà plus complexes.
« Quoi qu'il en soit, même si l'idée est de faire des économies, il n'en sera rien puisqu'il demeure que chaque élection a ses particularités », a clarifié Célestine Zanou. Cette dernière, estime que la démocratie a un coût car ajoute-t-elle « ce qu'on pense gagner pourrait bien se révéler conflit et spirale de violences dont le coût reste incalculable ».
Au sujet de la peine de mort, la leader politique estime que c'est une peine instituée par ordonnance dont la question a été déjà réglée par le code pénal.
Face à ces questions, il n'y a donc aucune urgence pour Célestine Zanou à vouloir toucher à la Constitution. Cette révision « reste beaucoup plus un choix cohérent qui pourrait manquer d'être autant pertinent que des réponses adaptées aux appels sociaux qui fusent de toutes parts », déclare-t-elle. Il faut penser à l'amélioration des conditions de vie des populations. « Dépenser des milliards pour un référendum dans le contexte actuel n'est pas à mon avis opportun. Cet argent pourrait bien servir pour des bourses d'études aux jeunes filles et à la jeunesse en particulier, faciliter l'accès des femmes aux crédits, améliorer leurs conditions de vie et de travail, etc », a-t-elle martelé. L'idéal selon elle serait « de suivre une démarche qui permet de rédiger une Constitution de bonne qualité et surtout acceptée par tous pour durer dans le temps et nous garantir quiétude et paix comme celle de 1990 ».
Pour conclure, l'ancienne directrice de cabinet du président Kérékou soutient que le Bénin n'a pas un problème de textes. ‹‹ Travaillons à ne pas redevenir l'enfant malade de l'Afrique (...) ››, recommande-t-elle.

Akpédjé AYOSSO (Stag.)


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