
Euloge R. GANDAHO
Les réformes politiques et institutionnelles que le gouvernement de la rupture présidé par Talon s'est engagé de mettre en œuvre, sont bien appréciées ou saluées par des citoyens pendant que d'autres dénoncent l'incohérence des mesures prises par les nouveaux dirigeants, la précipitation, l'injustice et le favoritisme, faisant allusion à une volonté ou une tendance du pouvoir à consoler, à apaiser ou à satisfaire des supporters de Patrice Talon à la dernière présidentielle qui s'impatientent de ne pas encore eu leur part du gâteau. C'est vrai que depuis l'avènement du pouvoir de la rupture, plusieurs décisions ont été prises et ces décisions donnent l'impression d'une détermination des nouveaux dirigeants à mettre un terme aux détournements des deniers publics, la gabegie, le laxisme, la corruption et l'impunité qui ont droit de cité au niveau de l'administration publique, toutes choses qui retardent et empêchent le développement du Bénin. Si c'est cela, il y a donc une bonne intention, la bonne foi qui permettra aux réformes d'aboutir au bien-être des populations.
Mais en vérité, il y a beaucoup de Béninois qui n'y croient pas et qui élèvent déjà leur voix pour dénoncer le « deux poids, deux mesures » ou des réformes qui ne visent qu'à satisfaire les intérêts d'une classe ou catégorie d'hommes d'affaires ou de politiciens qui sont arrivés au pouvoir pour satisfaire leurs intérêts, pour se faire payer tout ce qu'ils considèrent comme étant leurs droits ou avantages et qu'on leur aurait retirés et pour ainsi se venger de leurs supposés adversaires, ennemis ou bourreaux.
Est-ce vrai, toutes ces accusations ou procès d'intentions contre le gouvernement de Talon ? Il y a certainement une volonté de mieux faire. Mais reconnaissons aussi que beaucoup d'erreurs ou d'insuffisances méritent d'être relevées et cela donne l'impression que les mesures ou les décisions sont prises de manière précipitée et sans une véritable concertation. Les remous et les contestations au niveau des syndicats, des acteurs du secteur de la commercialisation ou de l'exportation du bois, des promoteurs des établissements de l'enseignement supérieur privé, des étudiants dont les associations ou organisations syndicales sont suspendues, en disent long. Et le gouvernement de la rupture se voit parfois obligé de revenir sur certaines décisions ou de corriger le tir. Pendant ce temps, il n'y a pas de solutions immédiates aux problèmes préoccupants auxquels la nation est confrontée ou on observe très peu d'actions concrètes pour soulager la misère ou la souffrance des populations. Cela pousse à dire qu'après six mois de gestion des affaires de l'Etat par le pouvoir de la rupture, les attentes des Béninois ne sont pas encore comblées. C'est peut-être trop tôt d'attendre une solution miracle ou le meilleur du gouvernement de Patrice Talon. Cependant, il faut aussi comprendre ceux qui croient ou qui disent que çà traîne ou que çà n'avance pas. Patrice Talon et son équipe doivent le reconnaître et se remettre humblement en cause. Et ce sera peut-être une force ou une puissante arme qui leur permettra de réussir leur mandat en triomphe, à la grande satisfaction des Béninois qui continuent de croire à la prospérité de leur pays et au mieux-être.